Sa première journée de cours avait été plutôt ennuyeuse. Oui, rien de plus banal qu'une journée à l'école à s'ennuyer avec la théorie. Mais lorsque enfin on lui donna la chance de mettre la théorie en pratique, il avait pu montrer ses valeurs, montrer ce dont il était capable. Son violon contre son épaule, il avait envouté son public. Un public stupide. D'autres rageaient, d'autres applaudissaient. C'était merveilleux. Mais son deuxième jour de cours ne s'était pas réellement passé comme il l'avait espéré ...

Les cours, tout à fait normaux, d'une banalité abrutissante et soporifique. Puis les cours où il pouvait jouer de son instrument fétiche arriva. S'il aurait pu arriver tout sourire, Huang l'aurait fait mais, comme à sa détestable habitude, il arriva le visage figé, complètement glacé, ses yeux noirs transperçant chaque individu qui se trouvait sur son chemin. Il écouta attentivement les autres jouer, notant chaque défaut, et parfois, plutôt rarement, quelques petits détails sympathiques, une note ou un geste qui changeait la donne. Puis ce fut à son tour. Debout, face aux autres qui attendaient avec des yeux et des oreilles grands ouverts que le taïwanais joue enfin, ou qu'il se plante... Son archet caressa les cordes, des cordes qui parurent tellement douces, qui laissaient entrevoir des sons tellement harmonieux que s'en était presque diabolique. Huang était concentré. Tellement concentré qu'il ne remarqua même pas que ses yeux regardaient le plafond et qu'il était en train de se mordre la lèvre inférieure. Quelques filles gloussèrent. Quelques garçons enragèrent. Mais il ne les entendait pas. Il ne les voyait pas. Il n'y avait que lui, que lui et son violon. Que lui et sa musique. Comme si l'instrument faisait partit de lui, comme si l'instrument n'était que la continuité de son bras. Un moment magique dont même le professeur assisté avec émerveillement.
Mais alors que les dernières notes allaient retentirent, Huang sentit que les cordes n'allaient pas, le son n'était plus. Son ré mineur ne ressemblait plus à rien. Ses lèvres s'entrouvrirent et il eut à peine le temps de retirer son archet qu'un corde se tordit dans un petit craquement et se rompit . Surpris, l'élève recula d'un pas. Cela ne lui était jamais arrivé. Jusqu'à présent, la seule chose qui ne l'avait pas abandonné et laissé tombé était ce foutu violon. Et là, une corde venait de se fendre en deux, pendant en l'air en faisant deux petites boucles. Les autres élèves, éberlués, le regardèrent totalement surpris, ne s'attendant encore moins que Huang à voir l'instrument réagir de la sorte. Son nez de plissa et il fronça les sourcils. Les plus envieux se mirent à rire en murmurant qu'ils n'avaient en rien à envier un "mec" qui ne prenait même pas soin de son instrument.

Vexé et humilié, il prit ses affaires et s'en alla.

La seule chose qu'il lui restait à faire, vu que son instrument était souillé, s'était de faire des paniers et se défouler avec le sport.

Huang posa ses affaires sur l'estrade avant de prendre un ballon de basket et de faire quelques paniers. Ce n'était même pas de la déception envers l'instrument qu'il avait, mais de la déception envers lui. Comment avait-il fait pour ne pas se douter que les cordes finiraient par lâcher ? Il n'avait même pas prit le temps d'en acheter au cas ou ce genre de problèmes lui arriverait.

Pliant les genoux, il s'élança dans les airs et fit voler le ballon à son tour. Même pas un panier. Était-ce la frustration qui l'empêchait d'exceller dans le sport qui lui plaisait le plus ? Totalement énervé, il envoya le ballon de basket contre la porte avec une force qu'il ne se soupçonnait pas.

Mais la porte s'ouvrit et avec un réflexe presque surhumain, Junichiro entra dans le gymnase et évita d'un geste superbe le ballon qui lui frôla l'oreille droite.

Huang écarquilla les yeux et s'avança de deux pas, une main tendue vers son ami :

Pourquoi fallait-il que ce soit lui qui vienne ? Ne venait-il pas déjà de passer une journée horrible, il fallait qu'en plus, celui qui vienne dans ce gymnase soit celui qu'il aimait le plus ...

Le temps était ensoleillé et dès son réveil, Junichi n’avait pas envi de s’installer derrière un bureau à écouter un prof ennuyeux alors que le soleil était au rendez-vous. C’était le temps parfait pour s’assoir à une terrasse, boire un thé glacé et lire un bon livre. Seulement, aujourd’hui le passage pour le lycée était obligatoire. Il devait rendre un devoir, et le japonais se félicitait d’être ponctuel en tout point… la politesse des rois disait-il assez souvent. C’était décidé, il allait participer aux cours qui précédaient celui qui exigeait son devoir, ensuite une balade s’imposait.

Les heures du matin défilaient avec lenteur, et Yoshioka avait hâte d’en finir avec ces cours. Le professeur d’anglais, Ms Beneth était aussi ennuyeuse qu’une philatéliste. Il avait beau la regarder, scruter chacun des détails qui la constitué, elle n’avait rien de charmant. Ni même ses yeux, ou sa bouche… rien ne pouvait plaire au jeune. Pourtant les européennes avaient, chez les jeunes asiatiques, la réputation d’être jolie. Qui ne rêvait pas de sortir, ou du moins, de mettre dans son lit une belle européenne, dont le style variable, était en tout point différent des femmes asiatiques. Non, là, cette jeune femme était sans aucun doute l’exception qui confirmait la règle. On pouvait même se demander si elle était vraiment humaine, c’était plus le croisement d’un Pokemon avec Rodolphe (de free xD). Soudainement, une idée l’amusa, il songea à relooké le professeur si mal habillé. Il avait du mal à croire, que même une anglaise, avait si peu de gout. A côté d’elle, Yankumi (Gokusen) avait certainement plus de classe…

Non pas que le jeune homme soit un fana de shopping, mais il aime s’habiller. Et surtout une femme bien habillé à déjà plus de classe… La beauté est rarement naturelle, elle se créait… Tout à une importance, le look, la coiffure, la démarche, le sourire… c’est ça la beauté !

Alors comment relooker Ms Beneth… Jun’ imaginait tout un tas de style sur elle. Tout y passé, le rock, le glamour, le gothique… Ces images qui défilaient dans sa tête finirent par faire rire le japonais, qui n’était visiblement pas concentré au cours d’anglais.

Le professeur qui remarqua le rire du jeune homme, ne pu s’empêcher d’intervenir.

- Qu’est-ce qui peut bien vous faire rire Mr Yoshioka ? Les cours d’Anglais sont-ils si amusant que ça ? Les cours de retenus vous amuseront-ils autant ?

Junichirô se leva et regarda la jeune femme dans les yeux avec un sourire charmeur.

- Si je passe ces heures avec vous, donnez moi autant de cours de retenus que vous voulez Ms Beneth…

Embarrassée par ces mots, le professeur d’anglais replaça ses lunettes, et tenta de cacher ses rougeurs. Elle ne su dans un premier temps quoi dire. Juni savait pertinemment le genre de femme qu’elle pouvait être. Celle qui ne recevait jamais de compliments de la part d’un homme. Celles qui sont froides à l’extérieur, dans le but de donner la sensation aux autres qu’elles ont choisi d’être seule, mais qui réclament au fond cette chaleur humaine, cet entrelacement de deux corps, plus que quiconque. On peut dire que Yoshioka connaissait bien les femmes… Et bien que Ms Beneth tenta de garder son calme et de faire face à ce genre de compliment, qu’elle tenta de prendre comme une blague mais qui espérait enfin de compte que ce soit tout autre… Quant à la réaction de la classe, elle fut assez mitigée… certain se mire à rire, d’autre vire ces mots comme du dégout, non pas vis-à-vis de Juni, mais plutôt tout en imaginant ce beau avec cette bête…

Elle finit par prier au japonais de se rassoir, c’est alors que la sonnerie retentie, et le professeur troublée s’empressa de quitter la salle, laissant cinq minutes de répit aux élèves jusqu’au cours de philosophie.

Une fois le cours commencé, Junichirô rendit son devoir comme prévu. Et l’heure passa agréablement, le genre de cours qui intéressait le jeune homme… D’autant plus qu’il avait prit soin à rendre un devoir impeccable… Arrogant mais studieux notre petit japonais. Enfin de compte, la philosophie passait plus vite que l’anglais. Le cours était déjà fini et le jeune homme remballa ses affaires. Bien qu’il fût l’heure de manger, la plupart des élèves restèrent dans la salle pour déjeuner, la japonais ne comptait pas revenir et souhaitait profiter de son après-midi. Il passa alors dans le couloir du premier étage, là où était situé sa salle, le sac sur une épaule tout croisant tout un tas d’autres élèves qui courraient pour rejoindre un stand. Yoshioka passa son regard sur la cour et remarqua un homme qui se dirigeait vers le gymnase. Sans aucun doute, il s’agissait de Huang, seul comme à son habitude…

Les yeux du japonais se placèrent instinctivement sur le côté alors que son cerveau réfléchissait quelques micros secondes… Il avait prit sa décision, il était temps pour les deux jeunes hommes de s’amuser un peu. Et s’ils avaient bien un point commun, c’était les filles. Bien que le taïwanais était un peu froid et solitaire, il ne se priait pas pour faire concurrence au beau japonais. Les tableaux de chasses pouvaient être comparés…

Junichi descendit alors les escaliers pour rejoindre le rez-de-chaussée puis la cour et se dirigea finalement en direction du gymnase. On ne peut pas dire que le bruit régné, seul le son d’une balle rebondissant sur le sol faisant son show.

Il ouvrit alors la porte et évita de justesse une balle de basket mal envoyé… Une balle qui a failli le tuer. Il leva un sourcil, tout en regardant son ami, qui quant à lui s’excusa rapidement, expliquant qu’il ne pensait pas que quelqu’un viendrait.

- C’est une tradition de tuer ses amis à Taiwan ?! [color:6b4e= #254395]Dit-il sur le ton de l’humour mais avec une voix qui resta malgré tout assez froide. L’expression de son visage se détendit et devint un peu plus chaleureuse.

- Sécher les cours cet aprème ça te dit ?!

C’est alors qu’il remarqua l’expression préoccupée de son ami. Juni connaissait assez bien Huang pour savoir que le sport n’était pas vraiment son point fort, et qu’il s’agissait, le plus souvent pour lui d’un moyen d’évacuer un certain stress…

- Il s’est passé quelque chose ?

Tout en écoutant la mésaventure de son ami, Junichiro grimpa les gradins de quelques marches et s’allongea sur la longueur du banc. Les bras croisés derrière sa tête il observait le plafond du gymnase.

Le japonais imaginait ce que pouvait ressentir Huang, cette petite pincée au cœur qui s’appelait orgueil… celle qui touche ta fierté et qui pousse chacun d’entre eux à trouver un moyen d’évacuer la frustration ou de valoir son honneur. D’autant plus que le jeune Yoshioka savait pertinemment que la musique était une des choses qui tenait le plus à cœur pour son ami.

En réalité le problème du taïwanais ne traversa l’esprit de Juni que quelques secondes. Non pas par pure égoïsme, encore que nous pouvons nous poser la question… non, c’était bien tout autre. Le nippon avait bien d’autre soucis, beaucoup plus important qu’une corde cassée pendant un cours de musique. Le genre d’ennuis qui peut vous couter la vie. Néanmoins, il ne resta pas silencieux, et d’une voix blazée, il répondit :

- Ne t’en fais pas… Il te suffit de les éblouir le prochain cours. Et tu redeviendras le roi ! L’idole de ces lycéenne et jalousé par leur copain…

Il stagna son regard sur des ampoules qui servait à l’éclairage de la salle la nuit.

- Huang… T’as jamais eut envi de tout plaquer ? De changer de nom et de recommencer à zéro ? Dit le jeune homme avec une voix désolée.

Junichiro s’assit, redressant son torse et regardant devant lui.

- Je crois que les démons de mon passé m’ont retrouvé. C’est plutôt en Angleterre que mon père aurait du m’envoyer. Ajouta-t-il avec un sourire mal dessiné

Le japonais faisait un gros effort pour parler de lui. Même si au fond, ces mots sans contexte ne voulait peut être rien dire pour le taïwanais. Junichiro avait prit peu à peu l’habitude de baisser sa garde devant Huang, qu’il considéré alors comme son seul ami à Seoul. Et il ne pouvait, n’avait le droit de contacter ses amis d’Osaka. Ce qui fait du jeune homme la seule personne qui soit susceptible d’entendre les véritables problèmes du nippon.